Depuis la première édition de ce livre, il y a presque vingt ans, la
théorie des jeux a connu une vogue croissante. Les ouvrages de
vulgarisation se sont multipliés. Ils la présentent comme une boîte à
outils susceptible de multiples applications aux problèmes que
rencontrent les économistes, les politicologues ainsi que d’autres
praticiens des sciences sociales. Ce faisant ils sèment beaucoup
d’illusions à son propos. La seule façon de savoir à quoi s’en tenir à
propos de la portée et de l’intérêt pratique de la théorie des jeux est
de revenir à la source, en commençant par préciser ce que sont pour elle
les modèles qu’elle qualifie de » jeux « . Les besoins du traitement
mathématique, qui font sa spécificité, imposent en fait des contraintes
très fortes à ces modèles, contraintes qui sont loin d’être vérifiées
dans les situations auxquelles la théorie est censée s’appliquer.
L’interprétation des résultats qui peuvent être obtenus en utilisant les
mathématiques est souvent source de confusion, ou même franchement
erronée. La seule façon d’éviter ce travers est de présenter les
principaux modèles et concepts de la théorie des jeux de la façon la
plus simple et claire possible, tout en ne cherchant pas à cacher les
difficultés. C’est ce qui est fait dans cette nouvelle édition qui
insiste tout particulièrement, par rapport aux éditions précédentes, sur
les dérives des présentations usuelles de la théorie des jeux. Les »
expériences » auxquelles celle-ci donne lieu et les jeux
évolutionnistes, très à la mode, sont également mis en perspective.
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